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le sergent Paddington
28 juillet 2016

Le Centre Spatial Guyanais

Le Centre Spatial Guyanais (CSG) s'étend sur 700km², soit la taille de la Martinique, entre les communes de Kourou et Sinamary. Il a été construit au début des années 60 et est devenu opérationnel en 1968. Plus de 1700 personnes y travaillent chaque jour. On y trouve des scientifiques, des mécaniciens, des ergoliers ou pompistes de l'espace, tous les corps d'armées (ainsi que les pompiers militaires) et trois sauvegardes qui informent en permanence les travailleurs sur la sécurité. Trois groupes sont présents sur le site : le CNES (Centre National d'Etudes Spatiales), l'ESA (l'European Space Agency, composée de 22 pays) et Arianespace. Il s'agit de la seule base spatiale de lancement en Europe.

Le site de Kourou a été choisi pour trois raisons : la proximité de l'équateur, permettant d'envoyer des charges beaucoup plus lourdes que d'un endroit plus éloigné de cette ligne, la proximité de la mer pour la sécurité, et la stabilité du sol (très peu de séismes ou autres catastrophes naturelles). D'autre part, on peut depuis cet endroit envoyer des lanceurs à la fois vers l'Est et vers le Nord. Pour exemple, les Américains ont une base en Floride pour les envois vers l'Est et une autre en Californie pour les envois vers le Nord.

Il y a un lancement à peu près tous les mois, mais celui-ci peut parfois être annulé (comme ce mois-ci) pour cause de vents en altitude trop importants, foudre, ou sur demande du client. Il est préférable de repousser un lancement que de subir un échec. La victoire n'est pas criée lorsque la fusée décolle correctement car son objectif est de placer des satellites en orbite. Ce n'est que lorsqu'elle aura achevé avec brio sa mission que l'on applaudira et parlera de réussite. Lors d'un lancement, il faut respecter une zone de sécurité de 5km à vol d'oiseau. Les personnes devant rester sur place sont donc à l'abri dans des bunkers dont le toit peut supporter 10 tonnes de débris.

Le carburant utilisé pour les fusées est l'ergol. Ceui-ci existe sous différentes formes, à savoir le propergol solide et le propergol liquide (aussi appelé cryogénique). De l'oxygène, de l'hydrogène et de l'azote liquide sont également utilisés.

P1040025Propergol solide

L'envoi d'un satellite coûte 20 à 25000 euros par kilogramme de charge.

Trois lanceurs différents sont présents sur le site de Kourou : Ariane (5), Soyuz et Vega      

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Soyuz est un lanceur qui a été acheté aux Russes pour des envois de satellites légers. Comme il n'y a pas d'échanges de techniques et de procédés, ce sont les Russes qui travaillent sur ce point (c'est pourquoi le Russe est parlé en Guyane, comme je vous le disais ici). Le site a été reproduit à l'identique de celui de Baikonour (base de lancement Russe au Kazakhstan), les Russes assemblant leurs lanceurs à l'horizontale, contrairement aux Européens et Américains qui l'assemblent à la verticale. Il y a cependant une différence avec leur autre base de lancement : dans un souci d'équité envers les clients, les satellites sont ici placés à la vertciale, le lanceur ne sera donc pas redressé juste pour décoller mais plus tôt. Soyuz peut envoyer depuis Baikonour une charge de 1,8 tonnes et celle-ci est presque doublée en Guyane, car elle peut atteindre les 3,5 tonnes ! Ce lanceur a envoyé Spoutnik, le premier satellite du monde et Youri Gagarine, le premier homme de l'espace, en 1961. Le premier lancement en Guyane a eu lieu en 2011 pour Galileo, le GPS européen. Le lanceur est amené à J-3 sur la plateforme de lancement. Celle-ci est entourée de quatre pilones pour si besoin, rediriger la foudre dans le sol selon le principe de la cage de Faraday. Un pot d'échappement géant a été creusé pour Soyuz afin d'évacuer les gaz et flammes lors du décollage. Il y a environ deux lancements de Soyuz par an en Guyane.

P1040015Table de lancement et pot d'échappement géant de Soyuz

Ariane est un lanceur européen qui a évolué au fil du temps. C'est désormais Ariane 5 qui envoie des satellites dans l'espace. Celle-ci fait 50 à 58m de long (soit plus qu'une piscine olympique) et peut transporter jusqu'à 10 tonnes de charges. Elle est assemblée dans plusieurs bâtiments. Elle passe tout d'abord un mois au BIL (Bâtiment Intégration Lanceur), puis elle est transférée au BAF (Bâtiment d'Assemblage Final) où les satellites sont chargés et la coiffe posée. Pour finir, elle est amenée à J-1 à la table de lancement où elle reçoit le plein de carburant et le programme de vol. Elle est transféré à chaque fois sur des roues de TGV nécessitant deux voies ferrées espacées de 22m l'une de l'autre. Ariane comporte quatre moteurs : deux boosters remplis de propergol solide se consommant de haut en bas et du centre vers la périphérie, et qui une fois allumé ne peut plus s'éteindre avant que tout ne soit consommé; l'EPC (espace principal cryogénique) qui est aussi appelé le moteur Vulcain, rempli de propergol liquide et permettant de traverser l'atmosphère; et enfin l'ESC (espace supérieur cryogénique) qui se trouve être le véhicule satellite mettant ces derniers en orbite. Lors du décollage, un déluge d'eau est déversé sur le lanceur pour atténuer les vibrations de 190 décibels produites. Le volume d'eau déversé correspond à 300000 ti'punch par seconde!!! Le dernier lancement en date était le 230e lancement Ariane. Face à la concurrence des Américains ayant mis au point des lanceurs lowcost, Ariane 6 est en cours de préparation. Il s'agira d'un lanceur lowcost avec la qualité et la sûreté d'Ariane 5 mais qui sera assemblé de façon horizontale.

P1030998L'évolution des lanceurs Ariane

P1030992Reproduction d'Ariane 5 à taille réelle

P1040007Le BIL (Bâtiment d'Intégration Lanceur)

P1040042Table de lancement d'Ariane 5

Vega est un tout petit lanceur de 30m (soit la taille d'un booster d'Ariane 5 !) ayant pour but des missions scientifiques et d'observations de la Terre. Pour le moment, les 12 lancements ont été une réussite.

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La salle de contrôle de lancements est la salle Jupiter. On peut effectuer une demande pour assiter depuis cette salle aux lancements de fusées s'il reste des places.

P1040001Reproduction de la salle Jupiter

Pour finir la visite de la base de lancement, les animatrices nous ont parlé de l'impact sur l'environnement. Des études ont montré que le port spatial européen de Kourou avait un très faible impact négatif sur l'environnement et qu'il constituait même une réserve de biodiversité faunistique et floristique. En effet, les accès étant très réglementés et surveillés, il n'y a pas de chasse et très peu de piétinements. Nous avons d'ailleurs pu admirer un beau groupe d'urubus.

P1040041Urubus

Le matin nous avions visité le Musée de l'Espace recelant des informations à la fois sur l'espace et la Terre (océans, catastrophes naturelles...) et présentant certaines animations dont le planetarium permettant de découvrir certaines constellations visibles depuis la Guyane.

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P1030999Moteur d'Ariane 5

Bonne fin de semaine à tous et à toutes et à la semaine prochaine !

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